Missive de Long à Dô : Saigon, le 29 avril 1975



Frère,

Les communistes sont à la porte de Saigon depuis ce matin. Je ne veux pas que mes jeunes enfants tombent entre leurs mains. Je dois prendre une décision sur-le-champ. Je te confie Lan-Ngoc et Hung. Ils ont chacun autour du cou une sacoche dans laquelle il y a dix bâtonnets d’or. Ils partent avec le cousin Phong, mon officier intendant. Il a un passe-droit pour le dernier hélicoptère de la Garde présidentielle. Je lui ai promis de l’argent en rétribution de son aide.

Frère, au nom de notre fratrie et du même sang qui coule dans nos veines, je te conjure de prendre soin de mes enfants comme la prunelle de tes yeux. Mon cœur est déchiré mais je dois sauver leur avenir. Je ne sais pas où je serai demain, je dois fuir. Je suis trop impliqué dans l’opération Phoenix et ils ne me pardonneront pas.

Laisse-moi un message par la Croix Rouge Internationale pour me dire que mes enfants sont bien entre tes mains.

A toi toute ma gratitude, je suis ton obligé pour la vie.

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